Lissier basse-lice / Lissière basse-lice

Le lissier ou la lissière basse-lice tisse manuellement sur un métier à tisser horizontal. Il ou elle joue sur l’entrecroisement régulier de fils de chaîne tendus sur la longueur, formant le support de la tapisserie, et de fils de trame, positionnés sur la largeur.

🖐️ Nature du travail

Préparer le projet

Produire une tapisserie est un travail à plusieurs qui naît d’une demande entre un créateur ou un artiste et le lissier, détenteur du savoir-faire. À partir du projet, une maquette est réalisée en amont par le lissier. Le lissier pratique donc des essais de tissage en réalisant au préalable des recherches de matières et de couleurs pour que la production soit la plus fidèle possible à la commande.

Préparer le métier de basse-lice

Installer les fils de chaîne

Le lissier commence par préparer son métier à tisser. Il calcule la longueur des fils de chaîne, et les place sur un ourdissoir. Ce grand tambour creux et cylindrique a pour but de dévider les bobines de fil pour le tissage. L'ourdissage permet à la chaîne des tissus d’être composée d’un nombre déterminé de fils de même longueur, disposés les uns à côté des autres formant la nappe.

Tendre et égaliser les fils de chaîne

Le lissier place ensuite sur le métier le râteau, afin de positionner avec précision chacun des fils. Les fils de coton sont glissés dans les lisses. Une fois cela fait, c’est l’étape du caillage. Celle-ci consiste à tendre fortement les fils de chaîne pendant une durée qui varie de 15 minutes à toute une nuit. Cette étape permet d’avoir une tension égale sur tous les fils pour éviter l’apparition de relief dans le tissu au moment du tissage.

Raccorder aux lices et préparer les flûtes

Chaque fil de chaîne est ensuite raccordé à une lice, autrement dit, un fil en coton noué. Les lices sont raccordées à deux pédales en bois (les marches), et actionnées par les pieds du lissier. Ces marches permettent de diviser la nappe en deux catégories : les fils pairs et les fils impairs. Grâce à ce dispositif, il est possible de tisser avec une plus grande aisance. La dernière étape est l’égalisage. À l’aide d’un manche en bois surmonté d’une pointe en fer (le poinçon), le lissier s’assure que l’écartement des fils de chaîne est bien régulier. En parallèle de cela, il prépare ses flûtes (pièces de bois de forme allongée) avec les fils de soie ou de laine colorés. Ils formeront les fils de trame.

Tisser

Positionner le « coton »

Tout le travail de tissage se réalise sur l’envers : le lissier n’a devant lui que le dos de la tapisserie lorsqu’il noue et tisse. Ce paramètre ajoute beaucoup de complexité au travail. Dans un premier temps, le lissier basse-lice effectue quelques aller-retour au fil de coton pour débuter le tissage et assurer une solide bordure de deux centimètres : le « coton ».

Positionner le carton

Ensuite, le lissier positionne le carton. Il s’agit du dessin inversé du motif original à reproduire qui lui servira de guide. Le carton peut-être réalisé au moyen d'une impression numérique, d’un tirage photographique, ou peint directement par un cartonnier. Le carton est fixé sous les nappes, en étant cousu ou épinglé directement au coton.

Réaliser le tissage

Assis sur le banc du métier à tisser, le lissier sépare les fils de chaîne pairs et impairs, en transférant son poids d’une pédale à l’autre. Une fois les nappes séparées, il fait glisser ses flûtes rapidement entre les fils de chaîne dans un mouvement de va-et-vient. Comme pour la tension, le geste du lissier doit rester identique à chaque passage, afin d’avoir un tissu le plus plat possible. Avec un grattoir, il positionne chaque passée de fil. Avec un peigne, il tasse l’ensemble des parties tissées. Il peut même utiliser un doigt pour les parties les plus étroites. Ces opérations garantissent une bonne densité du tissage.

Faire la « tombée de métier » et les finitions

Une fois le tissage terminé, le lissier s’attelle à la « tombée du métier ». Pour cela, il coupe les fils de chaîne afin de libérer le tissage de l’ouvrage. Il s’agit d’un moment très attendu par les lissiers, qui représente l’aboutissement de mois de travail, et qui permet la découverte de la tapisserie dans son ensemble. Une fois l’ouvrage libéré, le lissier peut entreprendre les finitions. Il réalise la couture des bords à l’aide d’un fil et d’une aiguille. En cas de restauration - ou si la taille du métier n’est pas suffisante pour tisser les bordures directement sur la tapisserie -, le lissier pose une bordure tissée indépendamment. La signature et la marque de l’atelier ou du lissier ont été tissées sur l’envers, comme le reste du tissage. Le numéro d’exemplaire, est tissé sur une patte dans le prolongement de la tapisserie, toujours côté envers. La signature se retrouve sur l’endroit dès la « tombée du métier », et le numéro est retourné avec l’ourlet. Il n’est pas rare que les tapisseries soient doublées d'un tissu épais.

🤹 Compétences requises

Grande dextérité

Les lissiers s’accordent pour dire que c’est principalement grâce à la pratique et à la répétition des gestes que s’acquiert la dextérité. Du montage de la chaîne aux finitions, la maîtrise de toutes les étapes de la conception d’une tapisserie s’effectue sur le long terme. Avec l’expérience de tissage, le lissier apprend à s’adapter et constitue son savoir technique et sensoriel. Plusieurs années d’expérience sont nécessaires pour former un lissier expérimenté, capable d’anticiper les effets des matières dans le tissage, de choisir les couleurs ou de tisser des formes à l’œil.

Calme et patience

Selon la complexité du carton ou la finesse du tissage, 200 à 800 heures sont nécessaires à un lissier pour tisser 1 m2. En fonction du projet, du niveau de détails ou la complexité du carton, celui-ci peut aller de quelques mois de travail à plusieurs années.

Créativité

Le lissier doit aimer le dessin et avoir beaucoup d’imagination et de créativité. Il est indispensable que le lissier fasse preuve d’un grand sens de l’esthétisme et d’un souci du détail. Il doit avoir un œil aiguisé pour les couleurs, afin de choisir les tons correspondant avec le dessin de la tapisserie.

🔭 Perspectives

Environnement de travail

Historiquement, la production de tapisserie s’est effectuée à la fois dans des ateliers collectifs ou individuels (pouvant être au domicile), et en manufactures à partir du XIXe siècle. De nos jours encore, le lissier tisse généralement dans ce même cadre hybride. La manufacture d’Aubusson Robert Four et la manufacture de Beauvais sont aujourd’hui les deux principaux ateliers de basse-lice. Un lissier peut tisser seul, mais, selon la taille de l’ouvrage, l’ensemble des opérations et le tissage peuvent être décomposées et/ou être faites à plusieurs.

Statuts

Le lissier peut-être indépendant, évoluant sous le statut d’autoentrepreneur. Il peut alors travailler en sous-traitance pour des ateliers ou des manufactures, tout en répondant à des commandes personnelles. Il peut également être salarié dans les manufactures ou les ateliers privés.

Opportunités

Lorsque les tapisseries ne sont pas pour le domaine public, elles sont généralement destinées à des acheteurs étrangers (États-Unis, Russie, Émirats Arabes Unis, etc.). Il s’agit d’une clientèle privée très aisée, qui se tourne à nouveau vers ces œuvres raffinées.

Bon à savoir

Pratiqué manuellement, le tissage sur basse-lice permet de nombreuses variations dans le point de tissage utilisé (contrairement au tissage mécanique). Le nombre des couleurs quasiment infini, et l’expérimentation de matériaux « tissables » tels que des fils métalliques ou de la fibre optique, offrent des grandes possibilités.

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