Le facteur de harpes échange dans un premier temps avec le musicien, afin de définir ses besoins et les principales caractéristiques de l’instrument. La taille, le volume, les bois utilisés, mais aussi la tension des cordes, influencent le son produit par une harpe. Le facteur de harpes trace ensuite les plans des différentes parties de l’instrument. S’il se spécialise en harpes celtiques, il peut être amené à recopier des modèles anciens et à s’inspirer de plans techniques dans des livres.
Une harpe est constituée de plusieurs éléments (jusqu’à 1 500 pour les harpes à pédales), notamment la caisse de résonnance, la console, la colonne et la table d’harmonie. Ces éléments sont surtout réalisés en bois, tandis que les cordes peuvent être en métal, en nylon ou encore en boyau. Les pièces de bois sont généralement assemblées par la technique de tenons et mortaises, c’est-à-dire qu’une partie s’imbrique dans une partie creuse, ou par des chevilles et de la colle. Une fois l’instrument monté, le facteur de harpes peut le vernir ou le cirer, ou bien, pour les instruments de haut de gamme le laquer, le dorer ou réaliser des décors en peinture.
Il s’agit de tendre les cordes après les avoir passées par les ouïes (ouvertures laissant passer le son), et de les maintenir en les enroulant autour de chevilles en haut de la console. Ces chevilles permettent au musicien d’accorder l’instrument. Les harpes à pédales ont une quarantaine de cordes, dont certaines sont renforcées de fil de métal pour les sons les plus graves, et les harpes celtiques ont environ une trentaine de cordes. Les cordes peuvent être colorées pour aider le musicien à se repérer. Le facteur de harpes vérifie la justesse de chaque corde. Son objectif : pas d’interférences, ni de notes creuses ou de frisements.
Au cours de sa vie, une harpe celtique demande peu d’interventions de réglage. En revanche, les harpes à pédales doivent généralement être révisées une fois par an. Le réglage d’une harpe classique est souvent réalisé par un technicien confirmé, maîtrisant l’ensemble des opérations. Il intervient le plus souvent sur le pédalier, les tringles (des tiges cachées dans la colonne) et la mécanique. Le mécanisme étant caché, le restaurateur de harpes doit pouvoir identifier le problème, savoir démonter et remonter toutes les pièces. Un restaurateur de harpes peut être aussi amené à réparer des parties en bois fendues ou cassées, ou à reconstituer entièrement l’intérieur d’une caisse de résonnance.
La facture d’une harpe, notamment d’une harpe classique, nécessite l’intervention de plusieurs savoir-faire : menuiserie, ébénisterie, sculpture et décoration sur bois, mais aussi mécanique.
La fabrication d’une harpe demande plusieurs heures ; environ 200 heures pour une harpe celtique et trois à quatre mois pour une harpe classique. Il faut être patient et délicat dans le maniement des différentes pièces de mécanique pour une harpe à pédales : pédalier, tringles, fourchettes (système qui bloque et change la longueur des cordes), etc.
Pour la réalisation complète d’une harpe, particulièrement pour les harpes celtiques, il est préférable d’avoir des notions de solfège, et de développer une oreille, c’est-à-dire savoir bien reconnaître les sons.
Les facteurs de harpes celtiques travaillent généralement dans de petits ateliers, en tant qu’artisans. Le nombre est estimé à une dizaine en France, il s’agit d’une activité de niche.
L’entreprise Camac est actuellement la seule entreprise de fabrication de harpes à pédales en France. Elle emploie différents corps de métier : ébéniste, menuisier, mécanicien, régleur. L’activité est semi-industrialisée, et plusieurs personnes interviennent à différents stades de la fabrication.
Depuis quelques années, la harpe celtique connaît un engouement très fort et sert souvent pour débuter l’apprentissage de la harpe. Elle s’adapte à différents registres : traditionnel (breton ou irlandais par exemple) mais aussi au jazz, au folk-rock, à la pop, etc. Des harpes électriques se développent également pour élargir les répertoires contemporains. La harpe à pédales est plus particulièrement recherchée par les musiciens d’orchestre et de musique de chambre.
Il n’existe aucune formation spécifique au métier. Pour les harpes classiques (ou à pédales), les formations standards en ébénisterie, menuiserie, mécanique sont indispensables pour la fabrication. Le montage et le réglage des cordes ne nécessitent pas de compétences prérequises avant l’entrée dans l’entreprise. Pour les harpes celtiques, une formation en lutherie peut également être adéquate.