La glyptique est un art très ancien. On désignait glyptique une œuvre réalisée en creux dans la pierre, l’intaille, et en relief, le camée. Aujourd’hui, par extension, on appelle également glyptique le travail en ronde-bosse et la sculpture, réalisée sur des pierres dures. C’est un travail de taille directe. Tout l’art du glypticien consiste à faire en sorte que sa gravure fasse jouer la lumière de la pierre, ainsi que sa couleur et ses reflets. Sa création s’inspire des pierres. La glyptique s’exerce dans les domaines des beaux-arts et des arts appliqués à la bijouterie-joaillerie.
Le glypticien procède par étapes selon le projet, et selon la pierre ou le matériau qu’il aura choisi. Tout d’abord, il réalise une étude dessinée du motif à graver. Ensuite, il en fait une maquette (en cire, principalement) à l’échelle 1, voire à une plus grande échelle. Puis il sélectionne la pierre en fonction du motif et de l’expression souhaitée. Il dégrossit la pierre afin d’en révéler le potentiel et la luminosité. Il lui donne la forme sur laquelle il réalise la gravure. Ensuite, si besoin, il réalise lui-même les outils nécessaires à la réalisation de son œuvre. Et enfin, selon la dimension de la pierre, il met cette dernière en ciment, avec de la cire de lapidaire : la pierre est alors fixée sur un support (le « crayon ») avec une cire à chaud. Elle peut plus facilement être travaillée sur le touret. Pour réaliser une glyptique, le maniement d’un touret, dont la pointe est garnie d’un abrasif est nécessaire. C’est cet outil qui, mis en mouvement, abrase la pierre. Le glypticien est amené à créer ses outils selon le travail qu’il souhaite réaliser. En effet, leurs formes et leurs dimensions dépendent de la gravure ou de la sculpture.
Le glypticien met en forme la matière par abrasion (usure) et non par enlevée ou par percussion. Pour exprimer un portrait, une composition, une gravure sigillaire ou héraldique, il utilise différentes techniques. La pierre gravée en creux s’appelle « intaille ». Elle est particulièrement adaptée pour les sceaux, leur empreinte se dessinant en haut-relief. Le « camée » désigne une gravure de pierre en relief, le plus souvent utilisée pour les pierres stratifiées comme les agates, mettant à profit les différentes couleurs de la pierre. D’autres techniques s’approchant plus de la sculpture sont aussi utilisées. Tout ce travail peut ainsi donner naissance à un bijou ou encore à de petits objets d’ornementation.
Le glypticien travaille le plus souvent sur des matières minérales : pierres précieuses (saphir, rubis, émeraude), pierres fines (améthyste, citrine, aigue-marine) ou dures (lapis-lazuli, malachite, jaspe). Plus rarement, il peut exercer son art sur des matières organiques (ivoire, corail, nacre, ambre et écaille) ou bien végétales (bois exotiques). Cette matière d’œuvre est en général de petite taille, car son coût est élevé.
La glyptique est un art qui demande une forte créativité et une sensibilité artistique. Le glypticien est capable de sublimer la matière. Il sait percevoir les formes et les volumes de sa création dès le dessin initial. Il a une bonne connaissance de l’histoire de l’art et de l’héritage des anciens dont est issue sa spécialité.
Le glypticien connaît toutes les caractéristiques et propriétés des pierres fines et précieuses (mais aussi des autres matériaux) sur lesquelles il exerce son savoir-faire. Grâce à cela, il adapte ses gestes et ses outils : pour alléger la difficulté de sa tâche, il n’hésite pas d’ailleurs à utiliser des outils plus modernes comme le flexible ou le micromoteur. Les techniques de gravure, mais aussi de sculpture n’ont pas de secrets pour lui.
La glyptique exige une grande précision et une attention méticuleuse aux moindres détails. Le glypticien sait travailler avec méticulosité pour obtenir des motifs et autres rendus précis, ainsi que des finitions soignées. La particularité du travail de glyptique est la dureté de la matière. Cet art demande beaucoup de temps et d’abnégation. Il a été écrit que l’œuvre se terminait en fonction de la fatigue du glypticien.
Le glypticien exerce principalement dans un atelier, à sa table de travail. Là, se trouvent tous les matériaux et outils dont il a besoin pour travailler. Il est en contact régulier avec ses commanditaires.
Le glypticien exerce sa profession en étant inscrit à la Maison des Artistes ou avec un statut d’artisan d’art.
La clientèle du glypticien est composée de riches collectionneurs et d’amateurs d’art, français et étrangers (américains, allemands, suisses) qui commandent, par exemple, des portraits, des compositions, des armoiries ou des monogrammes. Actuellement, ce sont surtout des commandes de bijoutiers-joailliers de la haute joaillerie qui ont besoin de pierres gravées pour les monter.
L’apprentissage de la glyptique demande du temps : on estime qu’il faut 10 ans pour en maîtriser tous les aspects. Depuis 1995, il n’existe plus d’enseignement national dispensé en glyptique. En 2010, la maison Cartier a demandé à Philippe Nicolas, Maître d’art, de fonder un atelier au sein même de la Maison pour pérenniser ce travail, et préserver la transmission. C’est un atelier de création de haute joaillerie. Il n’existe pas d’atelier semblable ailleurs. De nombreux glypticiens et glypticiennes y sont formés.