Le gantier travaille sur des peaux entières qui peuvent donner chacune deux paires de gants. Il commence par choisir la matière sur laquelle il va travailler. Il jauge la couleur, la qualité, l’élasticité, les défauts de la peau (tâches, blessures, etc.). Puis il travaille le cuir : il l’étire, le façonne. Il peut aussi l’humidifier pour l’assouplir. Pour remarquer les imperfections, le gantier peut mettre du talc pour faire ressortir le moindre défaut. La pièce de cuir doit être lisse et ne doit plus craquer, quitte à enlever les parties plus fragiles au ciseau.
Le gantier délimite la longueur du gant avec une règle en bois, puis étire la peau sur les parties larges. Ensuite, il place un calibre en carton, qui sert de gabarit et qui correspond au modèle commandé et à la forme de la main. Il existe plusieurs modèles de gants : court ou long, droit ou qui s’évase plus ou moins après le poignet. Le gantier découpe ensuite au ciseau les différentes parties des gants (main droite et main gauche), et place une deuxième mesure correspondant à la paume et au dos de la main, l’emplacement des pouces et des entre-doigts. Il place les pièces de cuir dans un emporte-pièce, appelé « main de fer », qui permet de délimiter précisément la forme du gant. Chaque emporte-pièce correspond à une taille et à un modèle. L’artisan enfonce le cuir sur l’emporte-pièce et le place sous une presse mécanique ou hydraulique. Le cuir est tranché. Après quelques reprises au ciseau, si nécessaire, le gant est prêt à être assemblé.
D’abord à l’envers, le gant reçoit sa doublure qui peut être de matières différentes (soie, laine, cachemire, etc.) ainsi que le transfert (une étiquette affichant sa taille et sa marque de fabrique). Avant d’être cousu, des décorations peuvent être ajoutées sur le cuir : des broderies, des galons, des rubans, des franges, etc. Puis, le gant est monté soit à la main soit à la machine. Différents points de couture sont utilisés par le gantier : le point Brosser, le piqué anglais, le point sellier. Le gantier commence par coudre le pouce, puis les entre-doigts et la paume, pour finir par coudre l’ensemble au dos de la main.
Le gantier met en moyenne une heure et demie à confectionner une paire de gants de base. La confection peut prendre plus de temps selon la matière ou si les gants sont ornés.
Le gantier doit être capable de sentir au toucher la peau qu’il travaille pour la beauté et la qualité du résultat final. Cela lui permet d’estimer son élasticité, et de déterminer la nature de la peau : pleine, grasse, veloutée, souple, moelleuse, paillée, etc. C’est une qualité au cœur du métier qui s’acquiert avec l’expérience.
Chaque geste compte, et la précision est de mise pour travailler les peaux, à toutes les étapes de réalisation. Sublimer le cuir pour en faire un gant demande un travail de fond sur toutes les étapes. Le gantier doit exercer son œil pour chasser les imperfections.
Le gantier connaît les différents processus de travail du cuir (coupe, tannage, couture, etc.). Il sait se servir des outils adaptés pour le traitement des peaux. Il reconnaît le sens de la peau (tête, pattes, flancs et croupon de l’animal). Il connaît aussi les caractéristiques des différents types de peaux qu’il est amené à travailler : généralement le chevreau ou l’agneau, mais aussi le chamois, le renne, l’autruche, ou les peaux exotiques comme le python, ou même le requin.
Le gantier peut travailler seul ou au sein d’une petite équipe, en atelier. Les odeurs de cuir peuvent y être assez fortes (cette impression disparaît avec l’habitude). Il peut exercer au sein d’entreprises artisanales (chez un maroquinier, un bottier, un sellier), mais aussi dans une maison de haute-couture ou dans une entreprise de type manufacture.
Aujourd’hui, le gant est toujours considéré comme un accessoire de mode, voire de luxe. Le métier de gantier se raréfie face à l’industrie : les gants en tissu sont généralement moins chers. La clientèle est principalement constituée de maisons de couture ou de prêt-à-porter, de créateurs et de stylistes.
Il n’existe pas de formation spécifique au métier de gantier, qui s’apprend au sein d’un atelier. Les bases techniques peuvent s’acquérir dans les formations de maroquinerie ou de sellerie. La ganterie est une spécialité historique grenobloise et de l’Isère. Le métier est aussi très présent à Saint-Junien (Haute-Vienne) et à Millau (Aveyron).