Le gainier pratique la gainerie : il recouvre manuellement de cuir, de tissu ou autre matériau souple (peausserie, papier, parchemin, etc.) un support fabriqué par ses soins ou par un autre professionnel, visant à contenir, protéger ou présenter un objet généralement précieux. À la différence d’un maroquinier, le gainier travaille sur un support, ou « fût », rigide en bois, carton ou aluminium. La gainerie existe aussi dans l’industrie : dans ce cas, elle est réalisée sur des supports en plastique pour des objets de décoration et de moindre valeur.
Le gainier travaille sur cinq grandes familles d’objets : les « écrins » (petits coffrets à bijoux, lunettes, etc.), la « grosserie » (ameublement réalisé par l’ébéniste), la « partie portante » (plateaux, bustes de présentation de bijoux et d’œuvres d’art), la « fantaisie » (réalisation d’un objet dans son ensemble - boîtes à jeux, sous-main, etc.) et l’ « étalage » (habillage de tablettes ou panneaux). Il peut effectuer des réparations ou de la restauration d’objets anciens et procéder à l’entretien du cuir.
Si on prend le cas d’un étui, le gainier travaille sur l’ensemble des étapes de sa fabrication : de la création de la carcasse aux finitions.
Concevoir la carcasse
Le gainier commence par concevoir l’objet, et en effectue un croquis coté, à la main ou avec un logiciel. Il fabrique ensuite un prototype et sélectionne les matériaux et leur quantité (type de bois, qualité du cuir) en fonction du caractère de l’objet. S’il s’agit d’une commande, il réalise alors un devis. Le gainier fabrique ensuite la carcasse de bois, lors du « fûtage ». Il découpe les différentes parties, les assemble avec des clous et/ou de la colle, puis il les ponce et les vernit. Il assemble ensuite le corps de l’objet avec son couvercle en posant des charnières en cuir ou en cuivre. Il fixe la serrure, les poussoirs ou les gâchettes. Cette étape s’appelle le ferrage.
Préparer l’habillement de la carcasse
Une fois la carcasse fabriquée, le gainier prépare son habillage. Si du cuir a été choisi, le gainier utilise généralement des peaux peu épaisses - vachette, vélin (veau), maroquin (chèvre) ou basane (mouton). Il peut les amincir lui-même ou faire appel à un pareur. Il utilise parfois des peaux spécifiques comme les peaux de requins, de raies tannées aux reflets émaillés, appelées « galuchat », ou encore des cuirs anciens. Le gainier dispose d’un véritable savoir-faire dans la décoration du cuir qu’il effectue en général lui-même. Il sait le teindre, le patiner ou le peindre, et il maîtrise les différentes techniques de dorure sur cuir (voir la fiche métier doreur sur cuir). Certains gainiers utilisent même le laser ou la mosaïque.
Habiller la carcasse
Une fois le cuir prêt, le gainier le taille suivant la surface totale du fût, puis il l’enduit de colle, et l’applique très soigneusement sur la carcasse. Il peut ensuite effectuer une piqûre « façon sellier ». Il s’agit d’une couture apparente qui habille le cuir. Ensuite, le gainier réalise le « garnissage » en suivant parfaitement les bords intérieurs. Ce garnissage est généralement réalisé en moire, en satin, en velours ou en papier, préalablement découpé aux bonnes dimensions. Lorsque la garniture doit protéger l’objet, le gainier réalise un capitonnage, c’est-à-dire un rembourrage (en bourre, en ouate, en matériau thermoformé, etc.). Si des fournitures intérieures (coussins plats, baguiers, etc.) sont requises, le gainier les fabrique et les pose aussi. Pour finir, il vérifie la qualité de son ouvrage et rectifie les éventuels petits défauts.
Le travail du gainier est très complet et nécessite de multiples savoir-faire techniques et esthétiques : menuiserie (pour la réalisation des fûts ou des carcasses), parure, travail du cuir, couture et décoration (dorure, peinture, etc.), entre autres. Il connaît, de ce fait les propriétés des matériaux qu’il travaille au quotidien.
Le gainier allie une grande créativité, et une certaine inventivité. En effet, les objets qui lui sont commandés font souvent l’objet d’un travail de design. Il peut ainsi concevoir des objets harmonieux, élégants, et à la mode. Une bonne culture générale en histoire de l'art et de l’objet est également un atout pour appréhender les objets anciens et leur restauration.
Travaillant principalement dans le secteur du luxe, le gainier se doit de réaliser des objets impeccables. Une grande minutie est donc requise de sa part, à la mesure de l’exigence de ses clients.
Dans la majorité des cas, le gainier travaille seul dans un petit atelier. Il participe généralement à la création de modèles originaux en accord avec des clients privés ou des entreprises du luxe, notamment en sous-traitance. Il travaille en collaboration avec de nombreux autres professionnels : décorateurs, ébénistes, antiquaires, bijoutiers, orfèvres, armuriers, lunetiers ou fabricants d’instruments de musique.
En gainerie d’art, le gainier est le plus souvent à son compte, comme artisan indépendant. La gainerie faisant partie du secteur de la maroquinerie, les grands noms de la maroquinerie de luxe sont d’importants recruteurs pour leur production industrielle. Parallèlement à cette activité, ils réussissent à préserver un savoir-faire haut de gamme et sur mesure en proposant des articles de gainerie d’art, parfois réalisée en interne (par des créateurs ou des techniciens).
Le gainier débutant a de bonnes perspectives d’évolution et peut se spécialiser dans un des domaines de la gainerie (écrins, parties portantes, dorure, etc.) ou dans une fonction d’étude et de création. Il peut compléter son activité par la sellerie-garnissage (habillage d’intérieur de voiture, d’avion etc.), la malletterie (fabrication d’articles de voyage) ou la reliure (réalisation de couvertures de livres en cuir), domaines proches de la gainerie d’art.
Il n’existe pas de formation spécifique pour devenir gainier. Il est fortement conseillé de suivre une formation en maroquinerie ou dans les métiers du cuir, ainsi qu’en dorure sur cuir, et de se former/se perfectionner auprès d’un professionnel de la gainerie, au sein d’un atelier.