Le fourreur choisit les peaux tout en apprĂ©ciant la qualitĂ© des poils et la souplesse. Les peaux les plus frĂ©quemment utilisĂ©es sont le vison, le renard, le raccoon (raton laveur), lâastrakan, le ragondin et la zibeline. On peut aussi citer le mouton, lâagneau, le lapin, le castor et le chinchilla. Il assortit les couleurs pour garantir une unitĂ© de ton. Ce nâest quâune fois le choix de peau fait par le client que le fourreur passe commande auprĂšs du pelletier (avec souvent un envoi dâĂ©chantillons prĂ©alables). LâhomogĂ©nĂ©itĂ© dâun lot de peaux doit ĂȘtre optimale pour obtenir un produit final de qualitĂ©.
Les produits fabriquĂ©s par le fourreur peuvent ĂȘtre trĂšs divers. Ils concernent principalement deux secteurs. CĂŽtĂ© habillement, il peut confectionner de la petite garniture jusquâau long et ample manteau de cĂ©rĂ©monie en passant par les gants, semelles, intĂ©rieurs de vĂȘtements et pelisses rĂ©versibles. CĂŽtĂ© ameublement, il crĂ©e de petites piĂšces dĂ©coratives, des coussins, des couvertures, des tapis, ou encore des tentures murales.
Le fourreur réalise toutes les étapes du travail de la piÚce en fourrure.
Modéliser
Il imagine le projet dans sa conception intellectuelle en anticipant les modifications éventuelles des peaux (rasage, teinture, etc.). Il modélise et réalise le patron.
Mettre en forme les peaux
Il met ensuite en forme les peaux par un travail de pleine peau ou un travail dâallonge. Pour le travail de pleine peau, il coud les peaux les unes aux autres pour crĂ©er une plus grande surface unie. Concernant le travail dâallonge, le fourreur pratique des incisions diagonales en V, appelĂ©es « coupes dâallonges ». Ă force dâincisions, cette opĂ©ration permet dâobtenir la superficie et la forme voulue. Par exemple, on peut ainsi obtenir une bande longue et Ă©troite Ă partir dâune peau courte et large.
Couper et coudre les peaux
AprĂšs avoir humectĂ© les peaux, le fourreur les cloue avec des agrafes ou des Ă©pingles sur une planche ou une table et il y dessine les contours du patron avant de les couper et de les assembler Ă la surjeteuse. La longueur du point varie suivant la nature de la peau et le rendu de la couture que lâon veut obtenir : pour du mouton, le point est souvent plus long que pour une piĂšce en daim, oĂč le point doit ĂȘtre trĂšs court, et avec un fil tendu pour que la couture ne sâĂ©carte pas. Le fourreur rĂ©alise Ă©galement la doublure, pour les vestes et manteaux, par exemple.
Le fourreur peut aussi transformer des vĂȘtements en fourrure existants en les modernisant, ou en les adaptant aux changements morphologiques de ses clients, par exemple. Les rĂ©parations font appel Ă tout le savoir-faire et Ă lâimagination de lâartisan. Les opĂ©rations et gestes techniques sont les mĂȘmes que pour un vĂȘtement neuf. Le fourreur assure aussi l'entretien et la rĂ©paration des piĂšces en fourrure, en nettoyant, dĂ©graissant et rĂ©impermĂ©abilisant les peaux, et en rĂ©parant les coutures et les doublures.
Le fourreur doit avoir un sens esthĂ©tique dĂ©veloppĂ© et une bonne connaissance des tendances de la mode pour concevoir des piĂšces en fourrure harmonieuses et Ă©lĂ©gantes. Il doit Ă©galement faire preuve de crĂ©ativitĂ© pour imaginer des modĂšles tendances ou des transformations adaptĂ©es Ă la mode. La confection dâun manteau peut prendre jusquâĂ 70 heures de travail.
La maĂźtrise des techniques de mise en forme, de coupe, d'assemblage et de finition de la fourrure est essentielle pour exercer ce mĂ©tier. Le fourreur doit ĂȘtre prĂ©cis et minutieux dans son travail, afin de garantir la qualitĂ© et la durabilitĂ© des piĂšces qu'il crĂ©e.
Le fourreur doit connaßtre les différentes caractéristiques des peaux (provenance et traçabilité, qualité, entretien). Il doit savoir les travailler en fonction de leurs spécificités. Il se tient informé de la réglementation en vigueur concernant le commerce des peaux.
Le fourreur travaille de prĂ©fĂ©rence dans un atelier avec une source de lumiĂšre naturelle pour pouvoir apprĂ©cier les diffĂ©rents reflets des peaux tannĂ©es quâil va transformer.
Les entreprises sont souvent de petites structures composĂ©es de deux ou trois personnes, situĂ©es principalement en Ăle-de-France. Le fourreur peut donc en ĂȘtre salariĂ© ou gĂ©rant. Il peut aussi ĂȘtre salariĂ© dans une entreprise de prĂȘt-Ă -porter de luxe ou une maison de haute couture. AprĂšs avoir acquis une certaine expĂ©rience, il peut quitter son atelier et ouvrir une boutique : travail Ă façon, rĂ©parations ou crĂ©ations, vente de prĂȘt-Ă -porter, etc. La crĂ©ation, lâinnovation et la confection de piĂšces souvent uniques sont des moteurs de son activitĂ©.
Les codes vestimentaires changeant, la fourrure nâest plus perçue comme un accessoire de standing rĂ©servĂ© aux femmes ĂągĂ©es. Lâimage portĂ©e par la mode, et particuliĂšrement la haute couture, permet de donner un regain dâintĂ©rĂȘt et profite Ă lâactivitĂ© du fourreur. La fourrure demeure donc un Ă©lĂ©ment important du luxe français et de la mode de haute qualitĂ©.
De tous les Ă©levages, ce sont ceux de la fourrure oĂč sont appliquĂ©es les rĂ©glementations les plus strictes et les plus favorables au bien-ĂȘtre animal. 80 % des peaux en sont issues (surtout en provenance du Canada et de Scandinavie). Les 20 % restant proviennent dâespĂšces sauvages dites abondantes, dont la capture est autorisĂ©e. Le commerce des peaux est strictement rĂ©glementĂ©, notamment par la CITES pour les espĂšces menacĂ©es (Convention sur le commerce international des espĂšces de faune et de flore sauvages menacĂ©es dâextinction). Toutefois, le mĂ©tier se rarĂ©fie en raison des rĂ©glementations qui se durcissent sur les conditions dâĂ©levage, et en raison des campagnes des militants de dĂ©fense des droits des animaux.