Le facteur de clavecins et épinettes commence par tracer les plans de l’instrument à taille réelle en s’inspirant ou non d’instruments déjà existants. Il en choisit les caractéristiques (dimensions, nombre de claviers - il y a deux jeux de cordes avec un seul clavier, et trois jeux avec deux claviers -, etc.). Il fabrique lui-même l’ensemble des pièces composant l’instrument.
Le facteur de clavecins et épinettes débite le bois selon les formes voulues. Commence alors le long travail d’assemblage de tous les éléments. Il débute généralement par la caisse de résonance, à l’intérieur de laquelle seront fixés par la suite la table d’harmonie, les claviers et les cordes. La caisse de résonance joue un rôle prépondérant : c’est d’elle que dépendent la sonorité et la stabilité du clavecin. Le positionnement du sommier (pièce de bois massif fixée entre l’échine et la joue de la caisse) requiert toute la vigilance du facteur, car tous les autres éléments y sont rapportés directement ou indirectement. Le sommier assure la bonne tenue des chevilles sur lesquelles viendront s’enrouler les cordes. Y sont aussi creusées les fosses à registres, pièces de bois trouées d’autant de mortaises qu’il y a de touches sur le clavier qui servent à maintenir les sautereaux posés sur l’extrémité arrière des touches du clavier. Ce sont ces sautereaux qui, soulevant la corde à l’aide d’un bec, aujourd’hui souvent en delrin (matière plastique constituant une alternative au métal), donnent au clavecin sa sonorité si caractéristique, en la faisant vibrer.
Après plusieurs heures de séchage, la caisse de résonnance peut recevoir la table d’harmonie et les claviers, préalablement conçus par le facteur. La table d’harmonie couvre la partie de la caisse en arrière de la fosse aux registres. Elle s’encastre dans la caisse. L’équilibre recherché et propre à chaque clavecin, entre les notes basses, mediums et aigues, dépend de son épaisseur. Au-dessus, est fixé un couvercle que le claveciniste soulève latéralement avant de jouer. Enfin, l’ensemble est assemblé sur des pieds ou piètements.
Le travail de décoration fait intégralement partie de la facture de l’instrument : le facteur de clavecins y consacre environ un tiers de son temps. Peintures, sculptures, dorures, moulures, ferronneries et marqueteries ornent la table, le couvercle et la caisse de résonance. Les décorations diffèrent selon les écoles et les traditions.
En dernier lieu, le facteur de clavecin procède au montage de l’accouplement des claviers, si le clavecin en possède deux, et au réglage des cordes métalliques. Ce travail d’harmonisation de l’instrument est une opération particulièrement minutieuse, car la position des différents éléments permet de déterminer la longueur vibrante de chaque corde et donc le son émis.
Dans le cas de restaurations, le facteur répare et remet en état toutes les parties, y compris les décorations, des instruments anciens qui lui sont confiés, en respectant leur authenticité et en cherchant à retrouver leur sonorité originale.
Le facteur et/ou restaurateur de clavecins et épinettes peut aussi restaurer, reproduire ou fabriquer des instruments de la même famille par leurs caractéristiques, bien que plus petits et de formes différentes. On retrouve par exemple le virginal, le muselaar, et le clavicytherium.
La fabrication de clavecins est un condensé de nombreux métiers auxquels sont associées autant de techniques pointues. Le facteur de clavecin est tour à tour menuisier, ébéniste, peintre, doreur, sculpteur, décorateur, vernisseur, technicien, acousticien, musicien, etc.
Toutes les opérations de fabrication requièrent beaucoup de minutie de la part du facteur et/ou restaurateur de clavecins et épinettes. Par exemple, le bec de chaque sautereau dépend du timbre qu’il souhaite obtenir et la précision se joue au demi-millimètre, à la fois pour la taille, mais aussi pour le positionnement du point de pincement. Par ailleurs, la facture d’un clavecin est un travail long et minutieux. Il requiert entre 600 et 800 heures de travail.
La fabrication et la restauration de clavecins et d'épinettes nécessitent également une sensibilité artistique. Le facteur et/ou restaurateur doit être capable de reproduire des ornements décoratifs spécifiques à chaque époque et de créer des finitions correspondant au style musical de l'instrument.
Le facteur et/ou restaurateur de clavecins et épinettes travaille surtout dans un atelier dans lequel il trouve toutes les machines et outils nécessaires à la facture des instruments. Il peut, pour des réglages d’instruments, ne nécessitant pas de grosses manipulations, se déplacer chez son client.
La facture de clavecins est une activité confidentielle, entièrement artisanale.
Les clavecins sont des instruments coûteux (les prix pouvant varier de 10 000 à plus de 30 000 euros) requérant souvent un délai d’attente important en facture neuve. Aussi, certains facteurs proposent des modèles à la location, ce qui permet à des musiciens avec un plus petit budget de pouvoir pratiquer l’instrument. Certains facteurs deviennent des experts reconnus dans un certain style d’instrument. Ils peuvent également participer à des recherches visant à améliorer la compréhension des techniques historiques.
Il n’existe aucune formation, hormis sur le terrain, pour la facture de clavecins. Les apprentis passent en général par une formation de menuiserie-ébénisterie. Un facteur de clavecins travaillant seul ne peut guère en livrer plus de deux par an.