Approvisionnement et calibrage des roseaux

Le fabricant d’anches doit prévoir l’approvisionnement en roseau : il peut prélever des roseaux sauvages ou se rendre à la roselière (où les roseaux sont cultivés). Les roseaux doivent être âgés d’au moins deux ans afin d’être suffisamment solides. Ils sont mis à sécher sous un abri, puis exposés au soleil et au vent, pour obtenir une couleur dorée.

Les roseaux sont découpés en tubes selon différentes tailles ou « calibres », du plus mince au plus épais. Ils pourront ainsi s’adapter aux différents types d’instruments. Par exemple, l’anche d’un hautbois nécessite un roseau de petit diamètre.

Conception et personnalisation des anches

Selon les besoins du musicien, la conception d’une anche peut être réalisée en amont, notamment pour l’élaboration de nouveaux modèles. Le fabricant d’anches échange avec le musicien pour déterminer la forme, la dureté, la longueur ou le biseau de l’anche. Le modèle est ensuite dessiné manuellement, ou réalisé à l’aide de logiciels de CAO-DAO (conception et dessins assistés par ordinateur).

Même avec la fabrication d’anches de modèle connus, certains musiciens professionnels souhaitent que leurs anches soient parfaitement adaptées à leur morphologie (formes des lèvres, force exercée par les mâchoires) ou aux sonorités qu’ils souhaitent produire. Le musicien procède alors au « grattage » de l’anche afin de lui donner la forme convenue : il enlève de la matière pour ajuster l’anche.

En fonction du type d’instrument et de la fréquence d’utilisation, une anche en roseau a une durée de vie courte. Parfois, elle peut n’être utilisée que le temps d’un seul concert. Elle doit donc être changée régulièrement, d’autant plus que l’humidité de la salive la fragilise. Les anches en résine durent plus longtemps, parfois des années, mais peuvent nécessiter des ajustements au fil du temps.

Fabrication des anches

Le fabricant d’anches sélectionne le tube de roseau dont le diamètre correspond à l’instrument de destination. Les tubes sont fendus en quatre parties à l’aide d’un maillet et d’une flèche (pointe cruciforme), ou d’un couteau.

Ensuite, il scie les lamelles pour obtenir une longueur adéquate à l’instrument de destination. Puis, il affine l’épaisseur de la languette, c’est le « gougeage ». À l’aide d’une calibreuse, le fabricant vérifie que l’épaisseur de la lamelle est comprise entre 0,7 et 0,8 mm d’épaisseur. La lamelle est ensuite poncée pour égaliser sa surface. Si l’anche est simple, elle est ensuite biseautée à son extrémité, tandis que pour une anche double, le biseau est au centre. L’anche double est ensuite pliée en deux et ligaturée (c’est-à-dire, maintenue par un fil métallique ou de nylon) autour d’un tube en métal, dit aussi « puits d’anche ».

La forme définitive des anches est façonnée à l’aide d’un « coupe-bout » ou d’un « coupe-anche ». La pliure de l’anche double est ensuite coupée pour obtenir deux lamelles.

À chaque étape, le fabricant vérifie la qualité de ses anches.

Précision et rigueur

La qualité d’une anche se joue généralement au millimètre près. Il faut donc être très précis et rigoureux lors de sa fabrication.

Connaissance musicale

Sans être forcément musicien lui-même, le fabricant d’anches sait jouer des instruments à vent, et perçoit la justesse des notes.

Environnement de travail et statuts

Le fabricant d’anches travaille principalement en atelier, mais peut se déplacer pour s’approvisionner dans les roselières. Il peut exercer en tant qu’artisan indépendant ou travailler comme salarié dans une entreprise. Les roselières sont principalement situées dans le sud de la France, et notamment dans le département du Var. Les fabricants d’anches indépendants s’installent donc généralement à proximité.

Opportunités

La qualité du roseau du sud de la France et du savoir-faire français sont très réputés, et l’export représente une part importante du secteur.

Bon à savoir

Il n’existe aucune formation spécifique à la fabrication d’anches. Certaines formations en facture instrumentale l’abordent, notamment les formations de facture d’instruments à vent.