Le premier travail du dominotier consiste à graver les motifs sur une planche en bois ou en métal pour créer une matrice. Cette opération s’effectue à l’aide d’une gouge. Cette lame d’acier incurvée est très coupante. Cette phase est souvent sous-traitée, car elle prend beaucoup de temps. Le dominotier envoie alors les dessins numérisés à un graveur.
Une fois les planches d’impression réalisées, celles-ci sont enduites d’une couche d’encre grasse, comme l’encre de Chine à base de carbone. Le dominotier imprime alors le motif sur une feuille de papier d’environ 30 x 40 cm à l’aide d’une presse sous laquelle est placée la matrice qui fait effet de tampon.
La feuille de papier encrée est étendue sur des fils afin de faire sécher l’encre. Cette phase est plus ou moins longue selon le temps qu’il fait (degré d’humidité, température extérieure, vent).
Le dominotier passe ensuite à la mise en couleurs du motif, avec un pinceau ou un pochoir, afin d’obtenir une feuille de papier dominoté. Dans cette étape, il convient d’être le plus régulier possible dans l’application de la couleur pour limiter les différences de teinte.
Enfin, arrive la pose des feuilles sur les murs ou l’objet à embellir. Le dominotier assemble les feuilles une à une, minutieusement, avec une colle à papier peint, en portant une grande attention aux raccords. On compte environ 1 heure de travail pour poser 1 m². Grâce à leur élasticité une fois humidifiés, les dominos peuvent être posés sur des murs qui ne sont pas réguliers. Les feuilles dominotées peuvent être utilisées en décoration murale ou pour embellir des objets comme des malles. Le papier dominoté peut aussi doubler les coffres, les armoires ou même les tiroirs. Il peut se retrouver dans un carton à chapeaux en tant que garniture ou bien pour décorer les cheminées. On le retrouve aussi sur les livres avant la pose d’une reliure définitive en cuir.
Que ce soit pour la gravure de la matrice, la mise en couleur ou la pose, la précision du geste représente une qualité essentielle. Les imperfections doivent être minimisées au maximum, même si les irrégularités ne peuvent totalement être exclues. De fait, elles font aussi partie de l’originalité du papier dominoté. La pose des dominos est une opération délicate qui nécessite soin et attention tant dans l’encollage que dans les raccords.
Les papiers dominotés présentent souvent des motifs répétitifs. Ceux-ci se doivent d’être les plus identiques possibles. Il faut donc être patient, et ne pas se lasser avec les différentes mises en couleur.
Selon la demande, le dominotier peut reprendre des motifs anciens, parfois en les modernisant en adaptant les couleurs, par exemple. Il peut aussi créer ses propres motifs. Il doit donc faire preuve d’un sens artistique et esthétique.
Le dominotier travaille en atelier, seul ou en équipe avec des tâches réparties. Il peut être artisan à son compte ou salarié d’une petite entreprise (moins de 10 personnes généralement). Il peut aussi exercer l’activité de dominotier en plus de celle de peintre en décor.
Ces papiers dominotés s’adressent à un marché haut de gamme à la recherche de produits de très grande qualité. L’essentiel des ventes est réalisé à l’export (en particulier vers les États-Unis). Les commandes d’institutions, par exemple dans le cadre de chantiers de restauration, représentent également des marchés intéressants. Dans le cadre d’une commande spécifique pour un restaurant ou un hôtel par exemple, le dominotier travaille en collaboration avec les architectes et des décorateurs d’intérieur.
Aujourd’hui, en France, le métier de dominotier a été relancé par quelques professionnels tels qu’Alexandre Poulaillon de l’atelier Poulaillon, Vincent Farelly et Jean-Baptiste Martin, fondateurs de Antoinette Poisson, ou encore François-Xavier Richard créateur de l’Atelier d’Offard. La manufacture Zuber, célèbre pour ses panoramiques pratique aussi cette technique. Toutefois, ces papiers sont chers pour le grand public. L’une de ces deux entreprises fabrique aussi des papiers sérigraphiés, plus abordables.Il n’existe pas de formation spécifique à la dominoterie, le savoir-faire s’apprend auprès d’un professionnel. Les bases des techniques de gravure peuvent s’acquérir dans des formations de gravure, comme le CAP métiers de la gravure.