Le bottier main définit avec son client un modèle de chaussures. Il choisit le style, la forme, la couleur, la hauteur du talon, etc. en vue de créer une paire unique et sur mesure. Il peut fabriquer une chaussure de A à Z ou, dans l'industrie du luxe par exemple, être spécialisé dans une ou plusieurs étapes : dessin, coupe, montage, etc. La réalisation d'une paire de chaussures est complexe et comporte plus d'une centaine d'opérations dirigées par un maître bottier ou, dans l’industrie du luxe, par un créateur, et réalisées par des ouvriers spécialisés - les spécialisations principales sont mentionnées aux étapes de production qui suivent. Dans ce cas, le créateur est en général le chef d’entreprise. Il se charge de communiquer avec les clients, de gérer les commandes auprès des fournisseurs, et de suivre la production dans l’atelier.
La forme
Le bottier main (ou le formier) commence par prendre les mesures des pieds de son client, ainsi que parfois, une empreinte. Il fabrique ensuite une forme en bois. On peut utiliser une forme sur mesure durant de longues années, néanmoins si le client souhaite un nouveau modèle, il est nécessaire de tailler une nouvelle forme. L’art du formier allie des connaissances d’anatomie et d’ébénisterie, il repère les singularités morphologiques du client et les traduit formellement en les sculptant dans du bois de hêtre.
Le prototype
Le bottier main ou le créateur réalise ensuite un prototype en peau perdue pour un essayage avec son client. Cette maquette d’essai lui permet de vérifier le confort et d’effectuer d’éventuelles corrections de chaussant et d'esthétique.
Le patron
Le patron papier est mis au point par le bottier main ou par le patronnier-coupeur à partir du prototype. L’élégance et la durée de vie d’une chaussure dépendent de la qualité des différents matériaux dans lesquels elle va être réalisée. C’est pourquoi ce professionnel du cuir accorde une grande importance au choix des cuirs utilisés et des traitements qu’ils peuvent recevoir. Il effectue une première coupe au tranchet, dite levée. Les différentes parties de cuir qui seront assemblées entre elles sont ensuite coupées précisément. Afin d’éviter que le cuir ne se déforme une fois la chaussure montée, il utilise le cuir en fonction de son « prêtant », c’est-à-dire, de son élasticité.
L’assemblage
Le bottier main ou le piqueur prépare les différentes pièces constituant la tige de la chaussure avant l’assemblage. La tige est l’ensemble des composants du dessus de la chaussure. L’ornementation, la finition des bords et le collage de la doublure sont les principales opérations de cette préparation. Il assemble ensuite les parties de la tige en ajoutant les renforts entre la doublure et la peausserie de dessus. Selon le type de chaussure souhaité, le bottier main ou le piqueur choisit la piqûre, réalisée à la machine à coudre.
Le montage
Une fois ce premier volume obtenu, le bottier main ou le monteur finisseur passe au montage. Il prépare la pose des semelles (celle pour l’assemblage final, et celle pour l’usure de marche) et les assemble successivement à la tige. Celle-ci est galbée et moulée sur la forme. Le semelage est cousu à la main et peut aussi être partiellement collé. La couture de la semelle d’usure sur la première de montage prend 5 à 6 heures (cousu Goodyear ou le cousu norvégien). Une fois le montage des chaussures effectué, la tranche verticale du semelage, appelée lisse, est aplanie au fer dans le style souhaité. Puis, le monteur finisseur fixe le talon sous la semelle, à l’arrière de la chaussure. Les dimensions de ce dernier, plat aussi bien que haut, répondent à un calcul bien précis.
Le « bichonnage »
Il s’agit de toutes les opérations de finition sur la chaussure : teinte du cuir, pose de la semelle intérieure, pose des lacet, patine, cirage, lustrage, etc. Une fois que la chaussure est prête, elle peut soigneusement être emballée.
Le bottier main doit avoir quelques notions d'ébénisterie pour pouvoir réaliser la forme en bois du pied du client. Très manuel, il aime coller, coudre, clouer, dessiner et sait manier habilement les différents outils qu’il utilise au quotidien (piqueuse, gouge, râpe, fer à lisse, etc.). La fabrication d'une chaussure requiert une grande dextérité, un esprit créatif et novateur.
Le bottier main connaît toutes les caractéristiques du cuir et tous les gestes professionnels qui y sont associés. Il a un geste sûr, à la fois délicat mais aussi appuyé. Plus d’une centaine d’opérations sont nécessaires à la réalisation d’une chaussure, et cela prend beaucoup de temps. Par exemple, il lui faut environ 40 heures de travail pour réaliser une paire de chaussures pour homme.
Le bottier main doit être à l'écoute de ses clients pour comprendre leurs besoins et leurs envies. Il doit aussi savoir les conseiller sur le choix des matériaux - qui peuvent parfois sortir des sentiers battus -, des formes et des couleurs.
Le bottier main peut travailler en tant que salarié au sein d'un atelier de luxe ou de prototypes, ou encore dans un atelier de production de chaussures. Il peut également exercer à son compte en tant qu'artisan d'art : il est alors à la fois commerçant et gestionnaire de son entreprise, et travaille dans un atelier-boutique. Le travail des peaux peut-être assez physique et il ne faut pas craindre les odeurs fortes (cuir, colles, etc.).
Le bottier main renommé a une clientèle aisée exigeante. Il peut aussi bénéficier ponctuellement d’une importante commande publique lors d’événements comme des défilés. Il existe également une clientèle dans le domaine du spectacle vivant (opéras, cabarets, maisons de productions et costumières de films, etc.). En dehors du secteur très confidentiel du luxe, le bottier peut se spécialiser dans la conception de chaussures orthopédiques. En effet, la podo-orthésie allie étroitement savoir-faire artisanal et connaissances médicales pour le pied malade. L’exercice de ce métier est conditionné par l’obtention d’un agrément Sécurité Sociale et par l’obtention d’un diplôme en podo-orthèse.
Le métier de bottier main installé à son compte est extrêmement rare. Comme vu dans la fiche, les professionnels de la chaussure trouveront surtout des postes dans des ateliers de montage ou de prototypage des enseignes de la mode et du luxe, à des postes plus spécialisés que la conception et la fabrication d’une chaussure entière.