Le bombeur part toujours d’un verre plat. Pour que le verre prenne la forme voulue, il doit tout d’abord fabriquer un moule, s’il n’en dispose pas déjà d’un pour le cintrage requis. En création comme en restauration, le bombeur commence par réaliser un gabarit d’après le profil de l’incurvation souhaitée (sur modèle, cote, plan, patron, etc.). Il découpe ce gabarit dans un morceau de tôle qu’il cintre ensuite à l’œil à l’aide d’un rouleau à cintrer et de marteaux.
Une fois le gabarit finalisé, le bombeur confectionne un moule en tôle de fer par martelage à froid. Il le consolide ensuite avec une armature, car le moule doit résister à la chaleur du four. Il peut aussi réaliser des moules en plâtre céramique réfractaire à partir d’un verre existant : par un coffrage, il moule le pourtour de l’objet. Toutefois, il ne peut utiliser ces moules que lorsque le verre est très fortement chauffé, sous peine que le verre n’y adhère pas.
Le bombeur doit tailler la plaque de verre plat dans la forme voulue. Il peut réaliser cette opération à l’aide d’un patron, et utilise comme outils de découpe un diamant, une molette ou une pince. Il dépose la pièce découpée sur le moule saupoudré de talc ou de blanc d’Espagne pour empêcher toute adhésion du verre à son support. Il pulvérise aussi de l’alcool sur le verre pour qu’il soit sans trace avant la cuisson. En effet, s’il y a par exemple des traces d’empreintes digitales, elles s’incrusteront dans le verre, et les faire disparaître après coup prend du temps.
Le bombeur dépose enfin l’ensemble dans un four. Il cherche la meilleure position, car, en fonction de l’orientation du moule, le verre descendra plus ou moins bien. Sous l’effet de la chaleur (entre 500° et 800°), le verre se plastifie et épouse petit à petit la forme du moule jusque dans les moindres détails de texture, sans transformation de son épaisseur et de sa surface. La pièce enfournée subit une montée en température progressive, puis une descente par palier de recuisson. Le refroidissement est lent (au moins 6 heures pour les plus petites pièces comme de la vaisselle). Cette phase de fabrication est importante, car si le verre refroidit trop, il se contracte et devient fragile, voire éclate. Une fois le refroidissement terminé, le bombeur retire le verre bombé du moule. Il est à présent figé dans l’incurvation voulue.
Que ce soit pour la création des moules ou pour l’opération de thermoformage, le bombeur est doté d’une haute technicité. Par exemple, pour la confection des gabarits et des moules : il doit taper au bon endroit avec précision. Ou encore, pour les opérations de thermoformage, le bombeur connaît les principes physico-thermiques du processus et les paramètres de chauffe et de refroidissement du verre, en fonction de la complexité de la pièce qu’il travaille.
Le bombeur intervient dans de nombreux domaines : architecture, décoration, design, luminaire, agencement intérieur et extérieur, miroiterie, etc. Pour chaque projet qui lui est soumis, il a la capacité à imaginer les solutions qui permettront de sublimer le verre travaillé pour lui donner la forme et les effets prévus.
Le bombeur, à toutes les étapes du processus créatif, doit veiller au respect des règles de sécurité, entre autres, de par son travail avec du verre chauffé à très haute température (port de gants de protection).
Le bombeur travaille seul ou en équipe dans un vaste atelier bien éclairé dans lequel il dispose de tout le matériel nécessaire : espaces de stockage (pour les verres, les moules déjà confectionnés), tables de découpe, fours, etc. Il doit porter un équipement de protection. S’il n’est pas le gérant de l’entreprise, il est salarié.
Le verre est un matériau noble utilisé dans tous les secteurs. Le bombage de verre artisanal permet des collaborations fructueuses avec des artistes, designers et architectes du monde entier. Il touche ainsi à la fois à l’industrie du luxe, mais aussi à la restauration.
La transmission du savoir-faire du bombage de verre ne se fait que de manière gestuelle et orale d’un professionnel à un autre. Il n’existe pas de formation. Actuellement, il n’existe plus qu’un seul bombeur de verre artisanal, basé dans la banlieue de Rouen. Quelques manufactures verrières maîtrisent de façon plus industrielle ce procédé (on parle dans ce cas de poste d’opérateur de verre bombé).